Geispère, un drôle de bonhomme qui chiquait du tabac, on pouvait le voir descendre et remonté les marches de l’immeuble , bougonnant et râlant sans cesse avec sa bouille de cormoran andalou.
Quand on lui demandé si tout allait bien, il répondait que tout allait pour le mieux, « je vais très bien, certes, mais je ne suis pas heureux » répétait il sans cesse, l’air désabusé, mais sans aucune acrimonie apparente, ataraxique et excité par la friandise de la vie.
À l’autre bout d’une autre ville. Charlotte enfila son pyjama a rayure bleu et blanc, elle savait que la surveillance du bureau des aventures viendrait la réveiller très tôt le lendemain matin.
Miguel l’avait averti de cette visite le matin même, une indiscrétion de son chef de bureau qui n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Charlotte saupoudra l’escalier et le pourtour du lit avec du poivre et de la poudre de safran grillé aux poils de lapin gris. Sa mère lui avais enseigné toutes sortes de recettes pour couper la chique aux guignoles du bureau, prendre son air carogne et ne rien dire, vous devenez ainsi le chat en jambes de la situation.
Son chien ratatouille qui ressemblait plus à un sapajou qu’à un canin, ne voyait pas d’un bon œil ces rituels de poudrage, il était obligé de dormir dehors pour ne pas perde son odorat et surtout ne pas éternuer .
La nuit tomba d’un coup sur Toulouse et Charlotte sombra dans un profond sommeil, Ratatouille s’en alla flairer quelques poubelles un peu plus loin dans les beaux quartiers, des fois qu’un bourgeois ai jeté un poulet rôti aux ordures..
Miguel, insomniaque, suivait de son balcon, les divagations de Ratatouilles et des autres animaux du quartier.
Lorsque les agents de la surveillance frappèrent à la porte de Charlotte, elle leur ouvra avec un grand sourire et entama la chanson des Zebda ’’y’a pas d’arrangement’’, ce qui perturba quelque peu les visiteurs indélicats.
On lui lu alors une adjonction des plus curieuse :« Madame Charlotte Geispère, vous n’avez toujours pas apporté la preuve de votre véritable identité, en effet, de nos jours aucun document officiel sur votre naissance ne figure dans nos bases de données »….
Ratatouille émit un soupir et bascula sa tête de droite à gauche tout en regardant Charlotte, lui savait les circonstances de sa naissance.
Il se mit en tête de retrouver le père, il lui faudrait d’abord retrouvait l’asticot géant, le reste serait un jeux d’enfant..
Le plus grand des trois hommes sorti de sa serviette un appareil électronique pendant que les deux autres se saisissaient du bras de Charlotte et lui injectèrent une puce électronique dans l’avant bras gauche à l’aide d’un pistolet seringue …
« Nous allons vous suivre à distance maintenant » Déclara le grand homme :« je vous recommande de ne pas vous éloigner trop loin de votre domicile ».
La journée fut calme, au bureau tout le monde aimait Charlotte, le travail d’archivage lui plaisait et le travail d’équipe était un plaisir avec ses collègues…
Une fois chez elle, elle pensa à son père.. accoudé au balcon, elle vit Miguel à sa fenêtre dans l’immeuble voisin, elle lui sourit et lui fit un grand signe de la main .
« Recherches sourires dans le printemps » cette petite annonce parut un matin dans les Échos.
Banal petite annonce anonymes, mais néanmoins intéressante, noyée dans l’immensité de la merde imprimée quotidiennement. Cette annonce attira l’attention du bureau des aventures.
Et l’on guetta l’éventuelle réponse pendant plusieurs semaines, et, elle vint un matin de printemps.
« admire au loin la lagunes pleurales, la plèvre contera nos amours »
Charlotte reconnue la plume du poète H et sourit sous le regard amusé de Ratatouille.
Ce Lundi Miguel était en rtt, il descendit tôt pour se promené le long du canal, pensant à son père, ce vieux militant de la CNT, qui avec ses camarades avaient tenté en vain de faire cesser l’obscurantisme doctrinale de l’Église et du fascisme.
Celui çi ne cessait de répéter que le pouvoir des puissants n’était faite que de la passivité des dirigés qui restaient à genoux et collaboraient ainsi à cet état de fait.
Aujourd’hui cet obscurantisme règne sur le monde, sous couvert de « démocratie » « communisme ou libéralisme »
en 1958 on condamnait en Espagne un militant de la CNT Catalane, à 30 ans de prison pour avoir créer une école du syndicalisme
De nos jours en France on poursuit des manifestants qui chantent des chansons de Brassens, la frontière est fragile entre la démocratie et le fascisme, seul les méthodes changent.
l’église continue le massacre, « tuez vous les uns les autres » et les forces de police renforcent leur arsenal de plus en plus perfectionné, l’armée recrute une jeunesse inculte a grand renfort de campagne publicitaire.
la menace devient réel pour l’avenir des dindons qui acclament la farce.
Toutes ces pensées remplissent et questionnent dans la tête de Miguel.
Comme l’a écrit Vaneigem « On assassine la vie et les mots tournent en rond »
Heureusement les milliers de caméra de surveillance n’enregistrent pas encore les conversations, ceci étant probablement à l’étude par de brillants informaticiens collabos par amour de la science.
Miguel sourit et se demande : » puisque les astres sont les microbes de l’univers, les hommes ne seraient ils pas les microbes de l’obsolescence ? »
Demain il retournera au bureau, faire son travail de gratte-papier pour une administration kafkaïenne. Ça lui permet toutefois de glaner des informations intéressantes.
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Article mis en ligne le 9 avril 2022
dernière modification le 29 décembre 2022